Moule à spéculoos, objet insolite N°10

Les objets insolites N°10

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Ô grand saint Nicolas, patron des… spéculoos.
Étude du moule des Musées communaux d’Anderlecht.

Pendant la période de réorganisation du béguinage, la Maison d’Érasme met chaque mois à l’honneur un objet insolite appartenant aux vastes collections historiques, archéologiques, d’art populaire et religieux des musées communaux.
Ce mois-ci, un moule à spéculoos à double scène vous est présenté à la Maison d’Érasme.

Moule à spéculoos

Moule à spéculoos à deux formes. La première représente Adam et Ève sous l’arbre de la connaissance, et la seconde le Zwarte Piet à cheval.
Belgique
1850-1900
Bois
31,5 x 12 cm
Inv. BEG 6220-21

Un peu de farine, du beurre, de la cannelle et du sucre candi, le tout passé au four… il ne faut rien de plus pour produire un spéculoos. Ce biscuit, offert à l’occasion de la Saint-Nicolas, représente traditionnellement ce personnage ou son compagnon, le Zwarte Piet, chargé de punir les enfants qui n’ont pas été sages. Cependant, il n’en a pas toujours été ainsi, leur iconographie ayant beaucoup évolué au cours du temps. En témoignent d’ailleurs les nombreux moules à spéculoos qui nous sont parvenus.

La fête de saint Nicolas

Outre en Belgique, saint Nicolas est fêté dans un grand nombre de pays européens, dont l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas ou même la Russie à une date un peu différente suivant le calendrier julien (19 décembre). Le 6 décembre faisait déjà l’objet d’une fête liturgique dès le XIe siècle mais il faudra attendre le XIVe siècle pour que ce culte devienne profane. En 1658, Jacobus Sceperus rédige un ouvrage, Geschenck op geseijde St. Nicolaes ou Cadeau à l’occasion de la Saint-Nicolas contre le culte du saint, où il décrit notamment le déroulement de sa fête. Les enfants peuvent recevoir ce jour-là des « pommes, noix, figues, raisins, de l’argent ou des biscuits illustrés sur lesquels se trouve l’image de l’évêque Nicolas », les spéculoos étant déjà offerts à cette occasion. Ce biscuit est également visible dans un tableau de Jan Steen, où une petite fille située à l’arrière-plan le tient entre ses mains (Het Sint-Nicolaasfeest, ca. 1663-1665, Rijksmuseum Amsterdam).

La technique de fabrication des moules à spéculoos

Les moules à spéculoos peuvent aussi bien être fabriqués par les artisans chargés de la production des chaires d’églises que par des bateliers et charpentiers désoeuvrés l’hiver venu. Des initiales sont parfois présentes sur ces objets mais elles se réfèrent davantage aux boulangers qui les ont achetés qu’à leur concepteur. Ces moules peuvent mesurer un mètre de hauteur, et les essences de bois utilisées sont le tilleul, le hêtre ou le frêne. La fabrication de ces objets demande un travail minutieux, qui débute par la mise en forme du contour de la scène à réaliser. L’artisan s’occupe ensuite des motifs qui seront en relief sur le biscuit, les lignes les plus hautes devant être davantage creusées que les autres. Le spéculoos qui sort de ce moule doit être d’un seul tenant, et, à cette fin, le menuisier raccourcit les jambes des personnages et les pattes des chevaux, diminuant le risque de fracture du biscuit. L’image sur la pâtisserie se présente en miroir par rapport au dessin réalisé dans le moule, et cette caractéristique a donné son nom au spéculoos. En effet, le miroir se désigne en latin par le terme specula. Les moules sont des objets précieux pour les boulangers et ils constituent un investissement important. Les motifs les plus couramment réalisés sont des scènes bibliques, ou de la vie quotidienne.

La pièce des Musées communaux d’Anderlecht

Le moule à spéculoos présenté ici comporte deux motifs en rangée. Cette technique permet de faire tenir plusieurs scènes sur une seule planche, afin de produire davantage de biscuits avec moins de bois. La première scène montre Adam et Ève sous l’arbre de la connaissance. Ce motif est relativement rare, de même que le second, qui représente Zwarte Piet à cheval, tenant à la main un fagot lui servant de fouet. Ce personnage arbore une culotte longue, un béret, un pourpoint et une fraise, qui sont les caractéristiques d’un page du XVIe siècle. Cette iconographie est pour la première fois introduite par Jan Schenkman, en 1850, dans son ouvrage St. Nikolaas en zijn knecht, et les différentes caractéristiques physiques qu’il a intégrées sont reprises dans les illustrations ultérieures. Cela nous indique que ce moule à spéculoos date probablement de la fin du XIXe siècle. Les représentations de Zwarte Piet à cheval sont rares, de même que celles d’Adam et Ève sur un tel objet, et nous renseignent un peu plus sur l’iconographie traditionelle dans nos régions.

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