Acquisitions récentes
Collections
REFORMULER L’ÉVANGILE
Desiderius Erasmus, Paraphrasis in Evangelium Matthaei & Paraphrasis in epistolas apostolorum, Basel, Johann Froben, 1522, in-folio.
La Maison d’Érasme a reçu en don une très belle édition des paraphrases bibliques d’Érasme. Il s’agit d’une réécriture des textes de la bible (dans ce cas, en latin), afin d’en éclaircir les passages obscurs.
L’entreprise d’Érasme n’a rien de singulier : les paraphrases bibliques sont un genre littéraire très pratiqué au XVIe siècle. Cependant, cette volonté humaniste de rendre clairs et accessibles les textes sacrés ne plaît pas aux théologiens de la Sorbonne. Ainsi, on observe une rivalité quasi institutionnelle entre la paraphrase biblique et l’exégèse scolastique.
Le beau volume in-folio contient l’édition princeps (la première édition) de la paraphrase à l’Évangile de Matthieu, parue chez Froben en 1522, reliée avec une réédition de la paraphrase aux épîtres de Paul, Pierre, Judes, Jacques et Jean.
Don 2024
SE PRÉPARER À LA MORT
Desiderius Erasmus, De praeparatione ad mortem, Paris, Chr. Wechel, 1534, in-8°
« D’ordinaire on écoute avidement les paroles des mourants et elles pénètrent profondément dans l’esprit des auditeurs ; d’une part en effet on pense que personne, en cet instant suprême, ne peut mentir ; d’autre part on pense que l’esprit, lorsqu’il commence à se séparer du fardeau de son corps, souvent donne un aperçu de cette liberté et de cette intelligence où il est en train d’accéder. »
Ce petit ouvrage, un des derniers textes composés par Érasme, témoigne d’une époque où la mort n’était pas tabou. Au contraire, on en parlait, on s’y préparait, au niveau matériel mais aussi spirituel. Ainsi, le texte d’Érasme s’inscrit dans la tradition très populaire de l’Ars moriendi (Art de bien mourir) médiéval. En bon pasteur, Érasme encourage ses lecteurs à se détacher des biens terrestres (richesses, jeunesse, santé,…) pour accueillir avec sérénité le repos éternel en fixant les yeux sur le Christ.
Au fil des pages, Érasme se laisse aller à quelques considérations plus personnelles. Il estime que si aucun prêtre n’est présent, le mourant peut se confesser directement à Dieu, sans intermédiaire. Plus loin, il se moque d’une dame « noble et sage » qui légua une grosse somme d’argent à un prêtre pour aller dire des messes à Rome, « comme si les messes romaines étaient plus saintes que les britanniques » ! Il enjoint de ne pas convoquer trop de médecins au chevet du malade, car la rivalité de ceux-ci a souvent causé la mort du patient, chacun voulant, au péril du mourant, étaler sa science.
L’ouvrage parut à Bâle, chez Froben, fin décembre 1533. Il connut un succès immédiat : en témoignent cette édition parisienne de 1534, ainsi qu’une vingtaine de rééditions qui parurent avant 1540, à Cologne, Paris, Cracovie, Anvers et Lyon.
Référence de la citation : Érasme, La préparation à la mort, trad. Pierre Sage, Montréal, 1976, p. 88.
Acquisition 2023
ÉPONGE
Desiderius Erasmus, Spongia Erasmi adversus aspergines hutteni, Cologne ?, Hero Fuchs ?, 1523, in-8°.
Éponge à laver les éclaboussures de Hutten : par ce titre un peu curieux, Érasme répond aux Sommations de son adversaire Ulrich von Hutten, dont il rabaisse les objections à de vulgaires éclaboussures. Une génération sépare le jeune Hutten, âgé de vingt-six ans, et le Prince des humanistes, de vingt ans son aîné. Et pourtant, avant que leurs rapports ne s’enveniment, les deux hommes étaient amis, passionnés tous deux de lettres anciennes, et animés d’un même désir de réformer l’Église.
Nous sommes très heureux d’acquérir dans notre bibliothèque un exemplaire de cet ouvrage, dont nous ne possédions encore aucune édition ancienne.
Cette édition, qui n’est ni datée ni localisée, parut probablement la même année que l’édition princeps (Bâle, Froben, été 1523). La page de titre est inspirée – avec quelques modifications – d’une bordure conçue par Holbein (cf. Frank Hieronymus, Oberrheinische Buchillustration, p. 607, no. 3).
Acquisition 2022
LE GARCON-ÉVÊQUE
Desiderius Erasmus, Concio de puero Iesu, Cologne, Eucharius Cervicornus, avril 1525, in-8°.
Dans le Concio de puero Iesu, ou Sermon de l’enfant Jésus, un enfant prend la parole comme un prêtre. Cet ouvrage se rattache à une fête médiévale, encore vivante au XVIe siècle : la tradition du garçon-évêque. Chaque année, le jour de la Saint-Nicolas, le 6 décembre, les enfants de chœur des églises cathédrales élisaient l’un d’entre eux comme évêque. On l’habillait de la robe et de la mitre de l’évêque, tandis que les autres garçons, revêtant l’habit de prêtre, prenaient possession de l’église et accomplissaient toutes les cérémonies ecclésiastiques, sauf celle de la messe. Ce renversement de pouvoir durait jusqu’à la fête des Innocents, le 28 décembre.
Érasme a écrit ce sermon en 1511, à la demande de son ami John Colet, doyen de la St Paul’s Cathedral à Londres. Le sermon devait être lu à voix haute par un garçon-évêque pour inaugurer la nouvelle St Paul’s School.
Cette tradition existait aussi en France, sous un mode plus carnavalesque et extravagant. Le sermon d’Érasme, quant à lui, n’a rien de bouffon. Il s’agit d’un ouvrage de piété sincère : « … que mon discours ait saveur de lui, le reflète et le respire, lui qui est la parole du Père, qui seul possède les mots de la vie, dont le discours vivant et efficace perce plus profondément que l’épée à deux tranchants, atteignant les recoins les plus profonds du cœur ».
Acquisition 2022
Les œuvres complètes de saint Ambroise de Milan
Sanctus Ambrosius, Desiderius Erasmus (ed.), Divi Ambrosii Episcopi Mediolanensis omnia opera, per eruditos viros ex accurata diuersorum codicum collatione emendata (…), Paris, Claude Chevallon, 1529, in-folio.
Cet imposant volume rassemble les œuvres complètes de saint Ambroise de Milan, un des Pères de l’Église d’Occident, qui a vécu au IVe siècle. Cette édition parisienne suit le texte de la princeps, parue à Bâle chez Froben en 1527.
Érasme a édité, avec des collègues érudits, les œuvres de pas moins de douze Pères de l’Église, parmi lesquels Jérôme (1516), Ambroise (1527), Augustin (1527-1529) et Origène (1536). Ces éditions donnaient accès à la connaissance sacrée : les Pères ont aidé à comprendre et à interpréter la Bible, ils ont formé les traditions ecclésiastiques des premiers siècles de l’Église et incarnaient aussi personnellement les idéaux d’une vie chrétienne responsable.
Le travail philologique d’Érasme sur ces textes anciens ne se résume pas à restaurer le texte dans sa forme la plus pure. Érasme et les humanistes de son temps montrent l’actualité des textes qu’ils donnent à lire. Ils orientent l’interprétation des lecteurs, en soulignant les idées qu’il jugent les plus importantes. De plus, en évaluant l’authenticité de nombreux textes douteux, ils promeuvent une attitude critique à l’égard de la tradition ecclésiastique.
Acquisition 2022
MAPPEMONDE D’ORTELIUS
Abraham Ortelius, Theatrum orbis terrarum, 1579
34 x 49,5 cm
Coll. MEH 673
La gravure est issue de l’ouvrage Theatrum orbis terrarum (Théâtre du Globe Terrestre) d’Abraham Ortelius dont les premières éditions sont publiées à Anvers. Cet ouvrage est considéré, en cartographie comme le premier atlas moderne.
L’atlas a été édité pour la première fois le 20 mai 1570 à Anvers. Depuis sa première édition, l’atlas a été régulièrement révisé et augmenté par l’auteur dans des éditions ultérieures jusqu’à sa mort en 1598.
Dédié au roi Philippe II d’Espagne, il comptait en tout 53 cartes. Pour cette carte du monde, Ortelius s’est basé sur la carte de Mercator de 1569, celle de Giacomo Gastaldi de 1561 et la carte portolane des côtes de l’Atlantique de Diego Gutierrez de 1562.
Carte coloriée à la main.
Acquisition 2021
PARAPHRASIS
Desiderius Erasmus, In epistolam Pauli apostoli ad Romanos paraphrasis, Leuven, Dirk Martens, 1517, in-8°, MEH E1598.
L’ouvrage est conservé dans sa reliure d’époque. Impression en grands caractères romains. Marque à la double ancre de l’imprimeur Thierry Martens.
Cette édition de Louvain, où Érasme séjournait alors, a eu une importance particulière dans le contexte de la Réforme religieuse.
Le 31 octobre 1517, Luther affiche ses 95 thèses sur la porte de l’église de Wittenberg, et par ce geste, jette les bases du protestantisme.
À la fin du livre, on trouve un avis de Martens au lecteur : « Nous nous efforçons, selon nos faibles moyens, de venir en aide, par notre modeste imprimerie, à cette Académie de Louvain, si florissante par l’universalité des études qu’elle embrasse ; et nous tâchons avec le plus grand soin, de ne vous présenter que des livres qui aient le double avantage, d’abord d’être moraux et instructifs, ensuite d’être imprimés aussi correctement que possible. Ceux qui, entrainés par l’appât du gain, publient des livres pleins de fautes, sont doublement coupables, [d’abord] envers les auteurs dont ils gâtent et diffament les œuvres, et puis envers les lecteurs qui au lieu d’un livre ne trouvent chez eux qu’une croix et un supplice. »
Acquisition 2020
In memoriam Erasmi
Friedrich Nausea, In magnum illum laudatae felicisque memoriae Erasmum Roterodamum, nuper vita functum Monodia. Eiusdem uita ex Beati Rhenani Epistola ad Archiepiscopum Coloniensem, Paris, Chrestien Wechel, 1536, in-8°, MEH E1586.
Un respectueux « In memoriam » composé pour Érasme par son ami Friedrich Nausea (1496-1552), évêque de Vienne. Dans ce texte, Nausea attribue à Érasme une mission divine et il le compare au Christ. Le livre comprend également la célèbre biographie d’Érasme par Beatus Rhenanus (1485-1547), rédigée sous forme de lettre (Allen 3139).
Cette première édition parisienne (qui suit l’édition de Cologne, parue quelques mois plus tôt) est très rare. Notre volume a appartenu à Étienne Baluze (1630-1718), philologue et juriste français, célèbre bibliothécaire de Colbert, le ministre de Louis XIV.
Acquisition 2019
GÉOGRAPHIE
Henricus Glareanus, De Geographia liber unus, Basel, Johann Faber Emmeus, 1528, in-4°, MEH E1591.
Glareanus, de son vrai nom Heinrich Loris, est un humaniste suisse (1488-1563). Homme pluriel, il fut tout à la fois mathématicien, géographe, musicien, théoricien de la musique, historien, philologue et poète. Ami d’Érasme, il est « croqué » par les frères Holbein dans leurs illustrations dessinées en marge de l’Éloge de la folie d’Érasme.
Ce traité de géographie mathématique inclut des chapitres sur la construction des globes et restera une référence en la matière jusqu’au XVIIe s. Il mentionne l’Amérique et « Amerigus Vesputius » dans son chapitre final « De regionibus extra Ptolemaeum ».
Érasme lui-même s’intéressait à la géographie : dans les dernières années de sa vie, il a joué un rôle actif dans la réalisation de l’editio princeps du texte original grec de la géographie de Ptolémée.
Acquisition 2019
POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS
Desiderius Erasmus, Liber de sarcienda Ecclesiae concordia, Antwerpen, Michael Hillen, 1533, in-8°, MEH E1584.
Rare édition anversoise, imprimée la même année que l’editio princeps (Bâle, Froben & Episcopius), du plaidoyer d’Érasme pour la réconciliation au sein de l’Église chrétienne.
Acquisition 2019
LA MONNAIE DE SA PIÈCE
Teston en argent à l’effigie de François Ier (1515-1547)
1re moitié du XVIe siècle
Argent
France, Limoges
Les testons étaient des monnaies françaises d’argent, à l’effigie du souverain. Les Sforza, à Milan (vers 1450), eurent l’idée de faire figurer le portrait du souverain sur la monnaie, rétablissant ainsi un usage initié dès l’Antiquité gréco-romaine. Devenu duc de Milan en 1504, Louis XII se réappropria cet usage pour les monnaies françaises. Il fut suivi dans cet usage par son successeur, François Ier.
Acquisition 2019