Les objets insolites N°3
Quand l’habit fait….le Mérovingien ! Boucles de ceintures et bracelets
Pendant la période de fermeture du Béguinage pour rénovation, la Maison d’Érasme met à l’honneur chaque mois un objet insolite appartenant aux vastes collections historiques, archéologiques, d’art populaire et religieux des musées communaux.
Et si nous pouvions voyager dans le temps ?…
La ville d’Anderlecht en l’an 500 offrait au regard des passants une vue très différente de celle d’aujourd’hui. Un village relativement important se trouvait ici, comme en témoigne la nécropole découverte au Champ de Sainte-Anne qui comprend près de quatre cents tombes. Ce lieu est évoqué dans les textes médiévaux comme le Sint-Anna veld, et se trouve au sud-ouest du hameau de Veeweyde, entre le Rue de Walcourt, des Résédas, des Loups et la Chaussée de Mons. La typochronologie des pièces qui y sont découvertes révèle que l’utilisation de la nécropole s’étend de la fin du Vème au VIIème siècle ap. J.-C.
Les objets et artéfacts découverts dans les tombes, témoins uniques d’un passé révolu, nous offrent de plus amples informations sur les habitants du village se trouvant à proximité.
Découverte du site
En 1889, lorsque Nicolas Monnoyer entreprend d’extraire de l’argile au Champ de Sainte-Anne, il découvre une riche nécropole mérovingienne. Les fouilles de ce site, placées sous la direction de la Société royale d’Archéologie de Bruxelles, n’ont débuté qu’un an plus tard, en 1890. Le manque de moyens alloués à cette entreprise ne permet pas aux membres responsables de la fouille de les effectuer correctement, et les données relatives au contexte archéologique de ces tombes sont à jamais perdues.
En 1930, Daniel Van Damme (1893-1967), fonctionnaire à l’administration communale, est chargé de mettre en place une exposition concernant l’art, l’histoire, l’archéologie et le folklore d’Anderlecht. À cette occasion, il demande aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles de prêter certaines des pièces découvertes dans la commune, dont celles du Champ de Sainte-Anne. L’exposition connait un tel succès qu’elle a mené à la création des Musées communaux d’Anderlecht, dont Daniel Van Damme est devenu le conservateur. Les objets du Champ de Sainte-Anne y sont depuis placés en dépôt par les Musées royaux d’Art et d’Histoire.
Les tombes, « capsules temporelles » pour les archéologues
Les objets découverts au Champ de Sainte-Anne, outre un grand nombre d’armes, comptent également quelques objets de parure, comme les boucles de ceinturons et les bracelets exposés ce mois-ci dans les vitrines du Musée de la Maison d’Érasme.
1. Boucle à ardillon à base scutiforme ornée d’ocelles gravés
8 ocelles gravés sur le devant de la pièce. Un ocelle est un motif dans lequel deux cercles s’emboitent et forme un œil, alors qu’un ardillon désigne la pièce horizontale de la boucle qui s’insère dans la perforation du tissu. La forme particulière de cette pièce, en écusson, est dite scutiforme.
Europe occidentale
520-610 ap. J.-C.
Bronze
3,5 x 4 cm
Inv. BEG 5483a, KMKG-MRAH B5759-405 (n°54)
2. Boucle à ardillon à base scutiforme
Europe occidentale
520-610 ap. J.-C.
Bronze
3,5 x 4 cm
Inv. BEG 5483b, KMKG-MRAH D58-89 (n°58)
3. Bracelet ou collier de perles de verre
Reconstitution avec perles d’origine : 7 perles blanches, 6 perles noires, 7 perles jaunes et 7 perles rouges.
Europe occidentale
Vème -VIIème siècle ap. J.-C.
Verre
Diamètre perle entre 0,5 et 1 cm
Inv. BEG 5484, KMKG-MRAH B005759-406
4. Bracelet ou collier de perles de verre
Reconstitution avec perles d’origine : une perle rouge pâle de grande taille, suivie d’une alternance de 3 perles jaunes et d’une perle bleue de plus grande dimension, les deux extrémités se terminent par une perle rouge dont l’une est ornée d’un entrelacs blanc.
Europe occidentale
Vème -VIIème siècle ap. J.-C.
Verre
Diamètre perle entre 0,5 et 1 cm
Inv. BEG 5485, KMKG-MRAH B005759-407
Recherches et texte
Meggy Chaidron
Remerciements
Zahava Seewald
Céline Bultreys